ARCHIPEL DES EPICES

Au XVIe siècle, les conquistadors de la frontière asiatique de lÆEmpire espagnol furent attirés sur ces lointains rivages par lÆaimant des épices. Trois siècles plus tard, les fonctionnaires métropolitains viennent chercher aux Philippines des « épices » dÆune tout autre nature : pots-de-vin, détournements de fonds publics, extorsions et prélèvements indus. LÆobjet de cet ouvrage est de décrire et, surtout, de comprendre la déviance publique généralisée qui affecte cette colonie espagnole. LÆauteur établit une typologie des formes, souvent spectaculaires, que prend le brigandage administratif, de lÆhumble village aux plus hautes sphères de Manille. Il étudie ensuite les défaillances des systèmes de contrôle et de sanction des fonctionnaires corrompus. Enfin, il montre que les modalités clientélistes dÆattribution des emplois publics, cumulées aux effets pervers de la situation coloniale, condamnent à lÆéchec les tentatives de moralisation de lÆadministration. Le cas philippin fait lÆobjet de constantes comparaisons, dans le temps et dans lÆespace, avec lÆAmérique espagnole de lÆépoque moderne, avec lÆEspagne et Cuba ou avec dÆautres colonies européennes du XIXe siècle. Enfin, la question est posée dÆune éventuelle transmission de la corruption, par-delà la recolonisation américaine (1898-1946), aux Philippines dÆaujourdÆhui.