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Une malheureuse grenouille mise à cuire dans une marmite tolèreune élévation régulière de la température de l'eau, alors qu'un ébouillantementbrutal la ferait réagir aussitôt. De même, le réchauffementclimatique est insidieux : il n'est perceptible qu'à l'échelle de ladécennie, voire du siècle, n'implique aucune décision urgente et, defait, est régulièrement repoussé sur l'agenda des politiques dontl'horizon excède rarement quelques années.Or, dans le domaine de l'environnement, le délai entre l'action etson impact est au minimum de cinquante ans. Seul un point de vueéthique et anthropologique prenant en compte la survie de l'espècehumaine pourrait résoudre le dilemme, mais en tant qu'Homo oeconomicusnous sommes des individus calculateurs agissant par intérêtpersonnel, et pour lesquels l'environnement est une ressource infinieet gratuite. Dans le jeu économique ordinaire, il n'y a pas de « tauxd'intérêt écologique », comme le montre l'inéluctable disparition,sous l'effet des lois économiques, des ressources halieutiques.C'est donc à une conception plus large de l'humanité et à un renouveaude l'éthique que nous convie l'auteur, à défaut de voir l'espècehumaine, victime de la pensée économique, partager le triste sort dela morue, du thon rouge... et de la grenouille.